INÉDIT3
"Principe de Peter ou pourquoi tout va toujours mal"
par Ndosseta KIMBI
LES FICHES DE LECTURE DE LA CHAIRE
D.S.O.
(Pour lire le texte intégral de l'étude de NDOSSETA KIMBI sur le Principe de Peter cliquez sur l'image)
"Y-a-t-il
un remède à l’incompétence?"
Odyssée - Une
chronique quotidienne sur France
Inter (2002-2003)
Article mis en ligne le 30 octobre
2002
Y a-t-il un remède à l’incompétence ? |
Le Petit Robert définit l’incompétence d’une part
comme
1° l’inaptitude d’une autorité publique à accomplir
un acte juridique ; ensuite comme
2° l’insuffisance des connaissances
ou de l’’habileté nécessaire pour juger ou accomplir
une chose. Nous avons tous autour de nous des gens incompétents, et peut-être
d’ailleurs sommes-nous aussi, parfaitement incompétents dans
certains domaines. Mais comment le savoir ? Eh bien, deux psychologues
américains, Messieurs Dunning et Kruger ont cherché non pas à définir
l’incompétence, mais à tenter d’apprécier
si les personnes incompétentes étaient conscientes de l’être.
Leurs observations valent leur pesant de cacahuètes.
Ils ont fait passer à des étudiants
des tests de logique, de grammaire
et d’humour. Il ne s’agissait
pas de tester leur savoir, mais
leur aptitude à résoudre
des problèmes accessibles à tous.
Après avoir répondu
aux questions, les étudiants
devaient évaluer leurs résultats
dans l’absolu, mais aussi
par rapport aux autres.
Les étudiants qui avaient
le mieux répondu évaluaient
en général correctement
leurs réponses (en sous-estimant
parfois un peu leurs résultats),
et pensaient que tous les autres
avaient aussi bien réussi
qu’eux. En revanche, les étudiants
qui avaient le plus mal répondu
- donc, les plus incompétents
- étaient non seulement
persuadés d’avoir
très bien réussi
mais aussi d’avoir réussi
mieux que les autres.
Quand les étudiants testés
furent invités à corriger
mutuellement leurs copies puis à réévaluer
leurs propres résultats,
les plus compétents ajustèrent
leur estimation antérieure,
tandis que les plus incompétents
persistèrent à affirmer
que leurs réponses étaient
excellentes. Certains, même,
allèrent jusqu’à dire
que, finalement, ils avaient encore
mieux répondu qu’ils
ne le pensaient initialement !
C’est cette incapacité à s’auto-évaluer
correctement qui explique que certains individus parfaitement incompétents
s’obstinent à raconter des histoires qui ne sont pas drôles,
ou que d’autres soient absolument incapables de comprendre qu’il
existe des solutions plus appropriées que les leurs à un problème
donné.
Cette constatation éclaire
d’un jour nouveau ce qu’on
appelle le principe de Peter. Le
principe de Peter veut que, dans
une structure hiérarchique,
la promotion vers le haut concourt
toujours à mettre les individus
en place à des postes pour
lequel ils seront parfaitement
incompétents. Les travaux
de Dunning et Kruger nous l’explique :
c’est l’aveuglement
(et l’ambition) des incompétents
qui les pousse à accepter
sans réfléchir des
postes qu’ils seront incapables
d’assumer. Les personnes
compétentes, elles, préfèrent
rester à un poste qu’elles
maîtrisent parfaitement et
où elles font correctement
leur boulot. On en déduira
sans peine qu’en toute bonne
logique, ce sont surtout les incompétents
qui montent dans la hiérarchie
et qu’un certain nombre pour
ne pas dire la majorité des
soi-disant élites de « La
France d’en Haut » ne
sont peut-être pas tout à fait à leur
place.
L’incompétence peut-elle
se soigner ? Dunning et Kruger
pensent que oui : d’après
une autre de leurs expérimentations,
une formation adéquate aide
les sujets incompétents à prendre
conscience de leur inaptitude...
et donc à progresser. Le
malheur, c’est que le plus
souvent, face à un incompétent,
on a tendance à se taire, à fuir,
ou à l’ignorer poliment.
C’est un mauvais service à lui
rendre : seul un autre son
de cloche peut aider un incompétent à sortir
de son incompétence. C’est
aussi un mauvais service à nous
rendre à nous mêmes :
les incompétents finissent
toujours par nous empêcher
de travailler. Alors, la prochaine
fois que vous entendrez un incompétent
parler, expliquez-lui gentiment,
mais fermement qu’il dit
une connerie. Sinon, il pourrait
devenir, mettons, ministre ou directeur
de la fiction sur une chaîne
publique de télévision.
Et ça, ce serait dramatique.
Martin Winckler
Journal of Personality and Social
Psychology, December 1999 Vol.
77, No. 6, 1121-1134 Justin Kruger
and David Dunning Department of
Psychology Cornell University Unskilled
and Unaware of It : How Difficulties in
Recognizing One’s Own
Incompetence Lead to Inflated Self-
Assessments
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