1. Question: quelle leçon pouvez-vous tirer de graves incidents qui ont failli mettre en péril et le pays et votre propre parti en août dernier?

Réponse : « Gatumba » et ses développements au sommet du Rcd ont provoqué d'abord des réactions multiples. Nous avons vu la communauté internationale, notamment l'Union européenne, réagir vigoureusement et dépêcher M. Aldo Ajello à Goma pour dissuader les camarades et les inviter à rejoindre Kinshasa. Nous avions constaté que dans cette phase, il y a eu des événements regrettables de Gatumba, conséquence d'une situation militaire incertaine au Kivu, du fait de certains de nos anciens camarades militaires dits « mutins ». La population congolaise a réagi comme un seul homme en condamnant la position de « Goma ». Finalement, l'arrivée du président Mbeki à Kinshasa a réconforté la position des camarades du Rcd restés à Kinshasa. Parce que « le cahier des charges », aujourd'hui, on n'en parle plus. Les camarades de Goma sont revenus à Kinshasa et rien de mal ne leur est arrivé. Mais la grande explication n'a pas encore eu lieu.

2. Q. : Par quoi la grande explication est-elle conditionnée ?

R. :D'abord, le Rcd a des organes. Certains organes comme le Conseil politique a été bâillonné, il n'a jamais fonctionné. C'est l'organe le plus représentatif du mouvement puisqu'il doit comprendre à la fois le président du parti, les présidents des fédérations, les députés et les sénateurs, y compris les cadres supérieurs déployés dans certaines institutions de l'Etat. Mais la direction actuelle n'a jamais souhaité faire fonctionner le Conseil politique qui est en fait l'organe de conception, de décision, d'orientation et de contrôle. Donc, le leadership actuel ne veut ni de contrôle, ni d'une vision commune conçue de façon collective, ni de la participation d'un plus grand nombre à la prise de décisions qui engagent le partis. Notamment dans la phase de sa transformation du mouvement politico-militaire en parti politique. Rien n'est fait.

3. Q. : Mais l'opinion entend beaucoup plus parler du collège d es fondateurs.

R. :Le collège des fondateurs est une structure archaïque dont la mission est essentiellement de venir au secours du mouvement lorsqu'il est mis en difficulté. Sa fonction n'était pas celle de concevoir, de décider, d'orienter la vision ou la ligne politique générale du mouvement. Comme le collège des fondateurs est constitué essentiellement d'éléments issus d'une province, il est beaucoup plus facile, pour le leadership actuel, de maîtriser cette structure qui obéit à des injonctions que nous ignorons.

4. Q. : Et si jamais le débat n'intervenait, il faudrait craindre une scission qui mettrait fin à l'existence du Rcd actuel?

R. :II n'y a pas de fatalité à la scission. Nous croyons être suffisamment préparés à convaincre les camarades pour qu'ils acceptent que la position de « Kinshasa » était la meilleure. Pour leur dire que si cette position n'avait pas été prise, d'abord les institutions de la transition auraient capoté. Notre mouvement aurait connu une scission de fait. La communauté internationale aurait condamné définitivement le Rcd. Le peuple congolais n'aurait pas compris que ceux là même qui ont été à la base du changement actuel soient les faucheurs du processus du nouvel ordre politique instauré à partir de Pretoria.

5. Q. : Certains de vos camarades présentent Goma en termes de « siège secondaire » du Rcd. Est-ce une appellation reconnue par les instances supérieures ou une usurpation de qualité?

R. :Vous dites vrai. C'est une usurpation de qualité. Jamais dans nos textes, il ne s'est agi d'accorder Goma une qualité spécifique par rapport aux autres fédérations des Kasaï, du Katanga, de l'Equateur, de la province Orientale, etc. Le siège du Rcd est à Kinshasa et non dans une quelconque fédération provinciale.