DISCOURS DU PRÉSIDENT NATIONAL DE L’UDPS A LOUVERTURE DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DU COMITE NATIONAL DE L’UDPS

 

 


 

OUVERTURE DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DU COMITE NATIONAL DE L’UDPS

(Samedi 02 avril 2005, Bel Campus)

                                                                           

  • Excellences (Madame) et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants du Corps Diplomatique
  • Nosseigneurs et  les Révérends Responsables des Eglises
  • Mesdames et Messieurs les Présidents des partis politiques
  • Mesdames et Messieurs les Membres du Collège des Fondateurs de l’UDPS
  • Monsieur le Président et Messieurs les Membres du Bureau du Comité National de l’UDPS
  • Monsieur le Secrétaire Général et Messieurs les Secrétaires Généraux Adjoints de l’UDPS
  • Honorables Membres du Comité National
  • Messieurs les Membres du Secrétariat National
  • Distingués invités
  • Combattantes et Combattants

PRÉLUDE

 L’ouverture officielle de la session extraordinaire du Comité National nous impose le devoir de rappeler solennellement aux dignes représentants de la communauté internationale, à nos hôtes de marque congolais, à nos compatriotes et à nos combattantes et combattants en particulier le credo de notre parti créé le 15 février 1982 : l’avènement de la démocratie, dans un Etat de droit, respectueux des valeurs républicaines de liberté, de justice, d’égalité et de solidarité. Aux termes de l’article 12 de nos statuts, notre méthode de lutte demeure la NON VIOLENCE.

Toutes ces valeurs auxquelles se réfère l’UDPS sous-tendent en réalité le rêve du peuple congolais, à savoir la transformation de la République Démocratique du Congo en une forteresse de paix pour tout habitant de la planète « terre » qui a choisi d’y vivre, dans le libre respect des règles de la vie communautaire. Il s’agit de la paix au sens plein qui implique aussi bien le silence des armes que l’absence des plaintes et autres soucis relatifs aux besoins primaires des citoyens.

Notre propos de ce jour portera sur les deux points suivants :

1.      La doctrine de l’UDPS

2.      Le contexte politique du moment

 

I. LA DOCTRINE DE l’UDPS

Trois éléments sont à souligner :

  • démocratie
  • La bonne gouvernance
  • Le progrès social

1. La démocratie

L’article 3 de nos statuts stipule que l’UDPS est un parti national, démocratique, social et laïc. Pareille affirmation paraissait relever de l’utopie dans le contexte politique de l’époque, marqué par l’intolérance politique et la répression sévère contre toute personne proclamant publiquement son adhésion aux idéaux de démocratie et des droits de l’homme.

Notre parti et notre peuple ont payé et malheureusement continuent à payer un tribut très lourd à  cette intolérance. Par ailleurs, depuis 1996, plus de trois millions de Congolais ont versé leur sang dans différentes guerres qui se sont succédées.  Le bilan ne cesse de s’allonger englobant les victimes des manifestations du 10 janvier 2005 à Kinshasa, des civils innocents de l’Ituri, des femmes et des hommes sans défense du Sud et Nord Kivu ainsi que les populations du Nord Katanga.Pour honorer la mémoire de toutes ces victimes innocentes auxquelles il faut ajouter les 9 casques bleus de la MONUC. Je vous invite à vous lever et observer une minute de silence. Minute de silence. JE VOUS REMERCIE.

Les statuts de notre parti en leur article 17 citent le Comité National parmi les organes centraux de l’UDPS. Il s’agit en fait d’un organe délibérant, le Parlement du parti dont l’article 29 énonce en quatorze points les attributions.A côté des prérogatives de toute assemblée délibérative je vous rappelle les autres principales missions ainsi formulées dans les statuts :

1.      Veiller à l’application des décisions et résolutions des organes supérieurs : Congrès, Collège des fondateurs et Présidence Nationale, (point 1 de l’article 29) ;

2.      Élaborer l’ordre du jour du Congrès(article 29) ;

3.      Voter le budget et le Règlement financier du parti présentés par le Secrétariat National, (point 9 de l’article 29) ;

4.      Ratifier les conventions et accords passés avec des tiers, (point 12 de l’article 29) ;

5.      Émettre ses avis ou exprimer sa position à sa propre initiative ou à la demande d’autres organes centraux, sur une question d’actualité nationale ou internationale intervenue durant la session, (point 14 de l’article 29).

En résumé, le Comité National constitue le creuset des aspirations de l’UDPS telles qu’exprimées dans notre projet de société. Il est le socle de la démocratie, non seulement au sein de l’UDPS mais aussi du pays tout entier.

2. La bonne gouvernance

Dans notre discours d’investiture comme Premier Ministre de la Conférence Nationale Souveraine, nous avions stigmatisé la persistance des « anti-valeurs » qui gênaient dangereusement la marche vers l’État de droit.   Il est désagréable de constater la dégradation de la situation et la persistance des maux décriés à la Conférence Nationale Souveraine.   Nous lançons un appel solennel à nos compatriotes d’entamer dès ce jour une lutte implacable contre les tares qui retardent notre développement, et notamment  :

  • la corruption ;
  • le clientélisme ;
  • le pillage des ressources nationales ;
  • l’aliénation du portefeuille de l’État.

Le fonctionnement des nouvelles institutions politiques à mettre en place après la transition doit permettre de protéger les biens et les personnes, pour créer les richesses, accroître la valeur ajoutée, améliorer  la situation socio économique, réduire  la pauvreté de la population. 

Il est unanimement reconnu que notre pays regorge de ressources immenses. Cependant depuis l’indépendance, le peuple congolais croupit dans la misère la plus noire, suite principalement à la mauvaise gouvernance, à l’absence de moralité et à l’impunité généralisée.

Ces immenses richesses, nous devrons les partager avec les autres nations du monde au travers des partenariats équitables où d’une part l’investisseur récupère son capital et son bénéfice et d’autre part crée des emplois et des richesses pour développer la République Démocratique du Congo.   Seule la bonne gouvernance conduira à résoudre les immenses problèmes sociaux pour aboutir au progrès social.

3. Le progrès social

 

Notre combat politique et le projet de société de l’UDPS visent le progrès social, tel qu’inscrit dans le sigle de notre parti, à côté de la démocratie.   Le défi est de taille au vu des statistiques récentes du PNUD qui donnent les indices du profil de pauvreté en République Démocratique du Congo.   Il y est relevé les éléments ci-après :

1.      le taux d’analphabétisme qui est de 8,9% à Kinshasa, dépasse le 32% au Bandundu, au Manièma et au Katanga ;

2.      le pourcentage de la population privée d’accès aux services de santé est de 86% au Katanga, de 81% à l’Équateur et de 79% dans la Province Orientale ;

3.      l’indicateur de la pauvreté humaine est de 46% au Sud Kivu et au Katanga, et de 43% au Bandundu et au Kasaï Occidental.

 Nous pouvons constater que cette absence de progrès social est dûe à l’absence de volonté politique.Les données de la Banque Centrale et notamment les rapports annuels allant des années 1967 à 1997 révèlent que les dépenses d’éducation qui représentaient 24% du budget  de l’État en 1990 ne représentent plus en 2000 que 1,3% pendant que les dépenses politiques sont passées de 16% en 1990 à 46% en 2000.  De façon générale, les populations de toute la République  ont droit au progrès social et celui-ci ne peut provenir que de l’État de droit, fondé sur la démocratie et la bonne gouvernance

II. LE CONTEXTE POLITIQUE

Le contexte politique du moment est fait de questionnements sur la durée réelle de la transition et sur ce qui doit se passer après le 30 juin 2005.

1. Durée réelle de la transition

Nous rappelons avec insistance nos communications du 13 décembre 2003, du 10 août  2004 à notre retour des Etats-Unis et notre message de vœux du 1er janvier 2005.   En effet, notre parti affirme avec force que la durée réelle de la transition est de 24 mois qui court du 30 juin 2003( Article 196 de la Constitution) et arrive à son terme le  30 juin 2005.   D’aucuns  nous interrogeraient sur le sort à réserver à l’article 196 de la Constitution et particulièrement à la disposition  relative à la possible prolongation de la Transition. A  ce sujet, nous apportons deux précisions ci-après :

a.      En premier lieu, il y a lieu de noter que la prolongation éventuelle n’aurait été possible que pour des raisons spécifiquement liées à l’organisation des élections. Tout le monde constate cependant que les éléments du retard que nous connaissons proviennent des raisons autres que celles prévues par la loi. Nous dénonçons notamment:

o        Le retard intentionnel apporté à l’élaboration des lois constitutionnelle et référendaire

o        Il en  est de même de l’absence de toute volonté d’accélérer le processus de restructuration et d’intégration de l’armée, de la police nationale et des services de sécurité

b.      En second lieu, il convient de retenir que toutes les parties qui avaient signé l’Accord global et inclusif  en Afrique du sud n’ avaient reçu aucun mandat du peuples mais avaient  pourtant agi au nom et pour le compte de ce dernier.  Or dès que le peuple a été informé de l’existence de la disposition relative à la prolongation de la transition, il l’a systématiquement rejeté. Les évènements spontanés du 10 janvier 2005 et d’autres incidents en donnent le témoignage le plus éloquent.

Pour  ces deux raisons , la disposition relative à la prolongation de la Transition devient caduque. En conséquence, l’ensemble des institutions de la Transition cessent d’office d’exister et leurs animateurs perdent automatiquement leur mandats au 30 juin 2005 à minuit.

 

 

2. L’après 30 juin 2005

Que va-t-il se passer après le 30 juin 2005 ?

 

Faisons un bref recul dans l‘histoire récente de notre pays.

Le 24 avril 1990 à N’sele, le Président Mobutu prononça un discours célèbre dont nous retenons deux choses essentielles. La première est qu’il déclara prendre congé du Mouvement populaire de la Révolution, autrement dit, il démissionna de la tête de ce mouvement. Or la constitution de la 2ème République prévoyait que  Monsieur Mobutu était élu non pas comme Président de la République, mais comme Président du Mouvement populaire de la révolution. Ce n’était  donc que par ricochet qu’il était Président de la République. En prenant congé du Mouvement populaire de la révolution, Monsieur Mobutu perdait par le fait même sa qualité de Président de la République. Il mettait ainsi  fin à 25 années de dictature pour laisser place à un Etat démocratique. La deuxième chose qu’il fit fut de proclamer  le multipartisme politique au Congo. Le peuple congolais  depuis ce jour, avait entamé une transition qui devait le mener  vers l’organisation des élections libres, transparentes et démocratiques avant d’entamer ce que nous appelons la 3ème République.  

A cette fin,  la Conférence Nationale Souveraine, réunissant plus de 2800 délégués de toutes les couches de la nation,  fut organisée pour donner au pays un ordre  politique  démocratique,  basé sur une législation ad hoc dans tous les domaines de la vie nationale. Quand donc l’AFDL avec Monsieur Kabila  en tête intervint dans notre pays le 17 mai 1997, il a  trouvé sur place cet ordre politique, légitime et accepté non  seulement par l’ensemble du peuple souverain, mais aussi  par  la Communauté internationale qui nous a  d’ailleurs assistés pour mener à bon terme le processus ainsi engagé. Le régime répressif qui a été imposé après cette intervention ne peut être considéré que comme un coup d’Etat contre cet ordre établi.Tout le monde sait  ce que ce nouveau régime  a donné : une guerre meurtrière de plus de cinq ans qui, répétons-le, d’après toutes les statistiques, a causé la mort de plus de 3 millions de nos concitoyens sans défense..

Cette date  du 17 mai doit  être considérée en fait comme une parenthèse qui s’ouvre dans la pénible histoire de notre pays. Avec le concours de la Communauté internationale, il y a eu toutes les négociations de Lusaka qui ont abouti au Dialogue intercongolais en Afrique du sud, lequel a débouché sur l’Accord global inclusif et la Constitution de la Transition. Ce qui a prévalu tout au long du Dialogue  Intercongolais c’était d’aboutir au  cessez-le-feu , à la réconciliation nationale et à la réalisation des conditions du retour du pays à la paix et à l’unité nationale. 

Tout s’est passé comme s’il fallait que l’AFDL et ses partenaires remettent le Congo dans l’état où ils l’avaient trouvé le 17 mai 1997 c’est-à-dire dans la paix et l’unité nationale.La parenthèse ouverte le 17 mai 1997 se referme donc le 30 juin 2005 à minuit et l’ordre politique instauré au pays par la CNS  reprend son cours normal à cette date.

III.               CONCLUSIONS

·          Excellences (Madame) et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants du Corps Diplomatique

·          Messeigneurs et Révérends Responsables des Eglises

·          Mesdames et Messieurs les Présidents des partis politiques

·          Mesdames et Messieurs les membres du Collège des fondateurs de l’UDPS

·          Monsieur le Président et les membres du bureau du Comité National de l’UDPS

·          Monsieur le Secrétaire Général et Messieurs les Secrétaires

·          Généraux Adjoints de l’UDPS

·          Honorables Membres du Comité National

·          Messieurs les Membres du Secrétariat National

·          Distingués invités

·          Combattantes et Combattants,

Le sillage inéluctable de la mondialisation implique la maîtrise des paramètres de démocratie et de bonne gouvernance comme condition d’accès au développement et au progrès social du peuple congolais.  

Le Comité National doit, dès lors, se soumettre à un entraînement ascétique afin de permettre à ses membres d’accéder à l’âge d’adulte. L’UDPS ambitionne de former des femmes et des hommes politiques mûrs, responsables, cultivés, capables de faire du Parlement de la troisième République, un tabernacle des valeurs républicaines, un moteur des lois qui stimulent les citoyens au respect de la vie, à l’amour du travail bien fait, à la création du progrès social du peuple congolais.  

Pour réussir cette noble tâche qui l’attend au lendemain de la transition en cours, le Comité National doit faire preuve au sein du parti, de ses capacités d’imagination, de réflexion et surtout d’un travail intellectuel acharné. C’est la raison pour laquelle la présente session extraordinaire mettra davantage l’accent sur la formation des cadres du parti.

Nous tenons à exprimer ici  notre sincère gratitude à notre peuple meurtri qui, par ses sacrifices incessants, a facilité l’avènement de la démocratie dans notre pays. Le même sentiment de gratitude va à l’ensemble des pays de la Communauté internationale qui nous ont soutenu non seulement dans l’organisation de la Conférence nationale souveraine, mais aussi dans celle du Dialogue intercongolais. Le concours précieux dont nous avons bénéficié depuis le Dialogue Intercongolais mérite d’être poursuivi pour réaliser les objectifs que s’est fixé  la Transition.

A vous les membres du Comité national, vous portez sur vos épaules les espérances des jeunes, des hommes et des femmes de notre parti pour conduire notre pays vers un avenir plein de promesses. Nous sommes convaincus que vous méritez pleinement la confiance que le Parti a placé en vous.  

Combattantes et Combattants, plus que jamais, serrons-nous les coudes pour construire au coeur de l’Afrique, un pays où il fera bon et beau vivre, un vrai miroir de la renaissance africaine.

Tenons-nous debout comme un seul homme. « ENSEMBLE CHANGEONS NOTRE PAYS ».   JE DECLARE OUVERTE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DU COMITE NATIONAL DE L’UDPS.

Fait à Kinshasa, le 02 avril 2005

ETIENNE TSHISEKEDI WA MULUMBA

PRESIDENT NATIONAL DE L’UDPS